Le manque de visibilité et d’opportunités a longtemps été un obstacle pour les femmes aspirant à être acceptées et reconnues dans le monde de l’esport. Le jeu vidéo, initialement perçu comme une activité masculine, a imposé des stéréotypes tenaces. Ces stéréotypes, bien que persistants, commencent à tomber grâce aux nombreuses femmes investies au quotidien dans le monde de l’esports.
Au Luxembourg aussi les femmes jouent un rôle important dans ce combat. C’est pourquoi à l’occasion de la journée de la femme, nous avons donné la parole aux figurines féminines des POST Esports Masters : Chishiya (Joueuse Valorant), Eto (Joueuse LoL), Clerylia (joueuse Valorant), Lunarie (casteuse), Snowbunny (Joueuse Valorant), et Manon Terrak (Product Marketer – POST Esports Masters).
Entre résilience et détermination, découvrez comment ces femmes surmontent les obstacles pour vivre pleinement leur passion.
FAIRE FACE AU MANQUE D’OPPORTUNITÉS ET DE VISIBILITÉ
Malgré l’évolution du gaming au cours des deux dernières décennies, l’esport demeure une discipline largement masculine. Et ce n’est pas un hasard : la société a longtemps considéré que le jeu vidéo était destiné avant tout aux garçons (ce n’est pas pour rien que Nintendo a nommé sa célèbre console de l’époque la “GameBoy”). Les stéréotypes sont toujours ancrés aujourd’hui et il est plus difficile pour une femme de se créer des opportunités ou de gagner en visibilité dans le secteur de l’esports.
Pour Snowbunny, la première conséquence est une fausse perception du niveau de jeu des femmes à cause du peu de pro-gameuses sur les scènes majeures. Or c’est simplement un effet mécanique d’après Snowbunny “Les hommes ne sont pas nécessairement meilleurs que les femmes dans l’esport ; il y a simplement plus d’hommes qui jouent, et par conséquent, il y a aussi plus de personnes au sommet. Tout le monde a les mêmes chances d’atteindre le sommet”.
L’émergence de joueuses, streameuses et casteuses mondialement connues au cours de la dernière décennie a permis aux femmes du monde entier de gagner en confiance. Lunarie et Clerylia évoquent leurs modèles d’inspiration, Shokz (journaliste esports néerlandaise) et Kyedae (streameuse), soulignant comment ces femmes ont montré la voie à suivre aux nombreuses femmes qui souhaitent percer dans l’esports.
“j’ai commencé à remarquer une augmentation des joueuses professionnelles et des streameuses féminines. Certaines femmes ont connu un énorme succès et ont aidé les femmes à se sentir plus à l’aise. Surtout si vous avez vu Kyedae faire face à la toxicité dans ses parties, vous vous sentez confiante en tant que e-girl”. – Clerylia
Leur notoriété et visibilité ont permis d’améliorer drastiquement la perception des femmes dans l’esports, créant ainsi des opportunités à d’autres femmes un peu partout dans le monde, que ce soit à des professionnels ou amateurs. L’esports est toujours à dominance masculine, mais les choses vont dans le bon sens comme le souligne Lunarie “Je pense que l’éco-système esportif fait déjà beaucoup de choses formidables. De plus en plus de femmes ont l’opportunité de participer en tant que casteuse, joueuse ou en coulisses.”
DÉPASSER LA CRITIQUE ET LES STÉRÉOTYPES
Malgré une visibilité grandissante, les stéréotypes persistent. Être une femme parmi les hommes n’est pas facile tous les jours, surtout lors de parties en ligne avec des inconnus qui sont souvent le théâtres de comportements déplacés où certains joueurs n’hésitent pas à critiquer, voire insulter leurs adversaires ou leurs coéquipiers. Quand vous êtes une femme, ce phénomène est décuplé, et vous subissez forcément plus de critiques et de moqueries que vos coéquipiers masculins.
Pour se protéger, certaines préfèrent rester discrètes plutôt que de s’imposer comme elles le souhaiteraient. C’est ce qu’évoque Clerylia « Parfois, je préfère ne pas parler dans des parties qui nécessitent de la communication, car je sais que si je le fais, je serai insultée et que mes coéquipiers pourraient délibérément saboter la partie. »
Manon Terrak souligne que cette image « toxique » peut dissuader dès le départ certaines femmes à s’engager dans l’esport « Cela est particulièrement notable en ce qui concerne les jeux en ligne, ce qui peut également dissuader certaines joueuses de poursuivre leur passion à un niveau élevé ou les démoraliser dès le début. »
Avoir l’étiquette de femme peut également poser des problèmes lorsqu’il s’agit d’intégrer une équipe esports. Avant de rejoindre les Red Lions, Eto déplore avoir souvent été perçue comme une femme plutôt que comme une compétitrice. « De nombreuses équipes refuseront simplement de recruter une femme car elles ne veulent pas de drama. Elles pensent que si une femme fait partie d’une équipe, il y aura des flirts et des choses de ce genre. Elles ne me voient pas en tant que joueuse, mais d’abord en tant que femme. De plus, je dois prouver tout le temps que je mérite d’être dans l’équipe. Ma place est toujours remise en question, et parfois même faire plus que n’importe qui ne suffit pas ».
LES CLÉS POUR SURMONTER LES DÉFIS
Il en faut toutefois plus pour décourager les vraies passionnées. D’autant que de belles avancées ont été réalisées ces dernières années. Mais comment accélérer l’acceptation des femmes dans l’esport ? Pour Manon Terrak, prouver sa valeur est essentiel : « Malheureusement, il existe encore des préjugés sur les femmes dans le monde de l’esport, mais ceux-ci peuvent être contrecarrés en démontrant son expertise, comme dans toute industrie dominée par les hommes. »
Pour Eto, la clé réside dans l’opportunité offerte aux talents féminins émergents : « Bien sûr, il n’y a pas beaucoup de joueuses, mais quand il y en a une, elle n’a même pas la chance de montrer de quoi elle est capable. Donnez-leur simplement une chance. »
Parmi les avancées notables récentes, on peut citer la création d’équipes et de compétitions 100% féminines. Chishiya souligne : » Aujourd’hui, pour Valorant, nous avons un tournoi officiel pour les femmes et les autres genres marginalisés, appelé « Game Changers ». Je trouve formidable que les femmes soient de plus en plus reconnues dans le monde du sport. Même s’il perdure, le sexisme est de moins en moins présent qu’il y a quelques années. »
Les obstacles persistent, mais des améliorations significatives ont été apportées, et avec tous les efforts que les femmes déploient actuellement dans le domaine, il y en aura certainement encore plus à venir. Pour parvenir à une représentation égale des femmes et des hommes dans l’esport, il est crucial d’encourager les jeunes femmes à s’engager. Cela nécessite de continuer à donner une image forte, résiliante et déterminée des femmes dans l’esport, tout en combattant les clichés persistants. C’est pourquoi les POST Esports Masters continueront d’initier des actions en faveur de l’inclusion au sein de l’esport. En tant que ligue, nous avons la possibilité de mettre à disposition nos ressources pour encourager activement les structures et les joueurs à multiplier les actions et à lutter contre les dérives. C’est en défendant ces valeurs, que l’ensemble de la communauté gaming parviendra à façonner un avenir plus inclusif et équitable pour les femmes dans le monde de l’esport.
On laisse le mots de la fin à nos protagonistes :
« N’ayez pas peur de montrer vos compétences et de prendre la parole pendant les parties, soyez fiers de ce que vous avez accompli et de là où vous allez ! » – Chishiya
« N’ayez pas peur de la façon dont les gens vous traiteront. Vous ferez l’expérience du sexisme, même de la part de ceux qui ne s’en rendent pas compte, mais à mon avis, c’est le cas dans tous les aspects de votre vie. Vous devez donc développer une mentalité forte et être prêt à tout affronter. Si vous voulez quelque chose, prenez-le. N’attendez pas. » – Eto
« Le comportement puéril et le sexisme auxquels les femmes sont confrontées sont le résultat d’une grande insécurité et ne reflètent jamais leurs véritables compétences. Il n’y a absolument aucune honte à jouer aux jeux vidéo en tant que femme ! Cela montre seulement à quel point vous êtes fortes et ce que vous êtes prêtes à endurer pour poursuivre votre passion. » – Clerylia
